En hibernation
Il parait impensable qu'un homme renonce aux femmes. "Ce n'est pas comme ça que tu trouveras
une femme!!!!" est une expression que mon entourage professionnel -bien peu sensuelles, quasi-effrayantes même- me servent quelque fois en me passant une assiette de la peu appréciable tarte
au thon Beatritesque. Ma collègue, régulièrement, propose que nous amenions "quelque chose" - soit un plat ou du soda- pour améliorer notre diner du lendemain. La grotesque cuisinière informe qu'elle apporte...une tarte au thon. Comme si personne s'en doutait.
Il est vain de tenter de sortir de son hibernation le mammouth avec un briquet Bic (ou même un Zippo)
Quand j'observe l'ensemble des femmes autour de cette table, elles ne m'excitent pas. Quand je les écoute, mon sexe s'endort comme un vieux chat sur un canapé moelleux et confortable. Chacune possède les
bourrelets des meilleurs matelas sur lequel on voudrait poser sa tête en suçant son pouce avec son doudou. Au moment de partir chez moi, Je célèbre ma situation de célibataire chaque jour. Si ma femme était l'une d'elle, j'aurais
l'impression de retrouver ma mère.
La semaine dernière, une acariâtre m'interroge sévèrement en étalant une épaisse couche de beurre sur sa
tartine. ("- J'aime le beurre", disait-elle avant, "punaises Dieu sait que j'aime le beurre") Es-tu croyant? Je répond aussi franchement que la plus fine lame Gillette coupe le
poil disgracieux: "NON!" Alors elle clame haut et fort devant l'assistance son jugement sans appel possible:
"Alors, tu n'es vraiment pas un mec pour moi. Trois défauts: Tu es radin. Tu ne veux pas d'enfants et tu n'es
pas croyant!"
A cette instant précis, je me suis demandé à quel moment j'ai laissé croire que je prétendais au poste de
vigneron à coté d'un tel tonneau. Le jus de la vie que l'on peut en tirer doit être une horrible piquette. De quoi finir à l'hosto, dégobillant tripes et boyaux pour lutter contre les effets de
l'empoisonnement alimentaire