Du bien à une question de racisme

Publié le par stornoway

J'ai affirmé que je ne croyais ni au Bien, ni au Mal. Un ami contradicteur m'a alors étonné par sa réponse. Il faut admettre qu'il avait raison. Je préssentais que je n'avais pas tord.

En effet quand on se cogne, on a mal. Quand une personne nous sourit, elle nous fait du bien.

Je n'ai pas perspicacité de Socrate. Mais sa manière de procéder par la maïeutique (il me semble) m'a toujours fasciné. En plus l'auteur de ses dialogues s'est beaucoup intéressé au concept de "Bien".

C'est la raison pour laquelle, il m'est apparu (probablement mon contradicteur y a pensé aussi) des situations où ses affirmations sont fausses:

Ainsi un évadé se cognant se fait mal. Mais il pensera plus tard que ce fut un mal pour obtenir un Bien (existentiel): sa Liberté. Il faut noter les majuscules. Elles ont une justification. Le mal causé par la douleur n'est pas comparable au Bien qu'est la Liberté. (En plus ce n'est pas absolument vrai: On est libre à Damas, à Benghazi, sur la plus grande place à Pekin, de se faire tirer dessus)

De même un résistant voyant le sourire de Klauss Barbi n'en ressenti pourtant pas tout le bien empathique de n'importe quel sourire. Un tortionnaire qui sourit est inquiétant. Car inconsciemment, on pense que la cause de ce sourire ne nous fera par sourire.

Lors d'une éléction précédente, je vis un portrait magnifique de Jean Marie Le Pen. La photo etait agréable, il souriait. Je suis un modeste photographe amateur, j'avais envie d'être le professionnel qui avait prise cette belle photo. Par contre je n'ai jamais eu envie de rire avec le président d'honneur du Front National. Car les blagues l'amusant sont certainement pas celles qui me font rire.

Pourtant je crois que je rie de tout. Je rie de mes réparties idiotes. Elles sont tellement idiotes qu'on veut souvent m'exorciser pour faire sortir Laurent Ruqier de mon corps.

Mon esprit a continué à cheminer. Je suis arrivé à cette réflexion de Deproge: "On peut rire de tout mais pas avec tout le monde". Effectivement je ne produirais qu'un rire de politesse face à une personne qui raconte une blague sur les juifs si je soupçonne qu'elle est antisémite.

Et moi, alors? Si je raconte une bonne blague ridiculisant un juif ou un arabe, un black,un chinois etc..une blague raciste, en résumé. Est-ce que mon auditoire rira de la blague à gorge déployée? quelques uns se feront-ils une mauvaise appréciation de moi (antisémite, raciste.Etc...) en laissant s'exprimer un rire de politesse?

A partir d'une contradiction sur le bien, je suis arrivé à la question "Ai-je les qualités pour raconter une blague mettant en scène une caricature sociale d'homme (ou de femme) d'une autre origine ethnique, religieuse que moi?

Ou la la! Que de précaution langagière pour se demander "Est-ce que j'ai le droit de raconter une blague raciste sans être accusé de racisme?"

Cependant la précaution est utile. Car le fait de raconter une blague n'est pas un droit ; Le racisme n'est qu'une caricature grossière d'hommes et de femmes dont l'individualité est ignorée (les arabes, les juifs, les français etc...); enfin si l'énonçé de la question est raciste, la réponse est dans la question.

Désormais la quête d'une réponse à cette question m'occupera longtemps

Publié dans Le Théodore Monod

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